La Belle époque

Belle epoque

Le Cannet voit arriver les premiers aristocrates français et étrangers, quarante ans environ après la découverte de Cannes, en 1834 par Lord Brougham. Attirée par le climat du midi, l'aristocratie internationale s'installe sur la commune à partir de 1876, la colonie anglaise étant de loin la plus importante. La ville acquiert alors rapidement une réputation de station hivernale. Cette aristocratie étrangère côtoie également une grande bourgeoisie venue des grandes villes industrielles, dont certains s'engagent dans la construction de maisons de rapport.

A la Belle Epoque, le tourisme et la villégiature aristocratiques sont à leur apogée, de nombreux architectes s'implantent sur la commune : Stoecklin, Warnery, Raisin... Les hivernants achètent de grands terrains souvent bien exposés avec vue sur la mer et l'Estérel qu'ils aménagent en parcs. Les endroits les plus prisés et recherchés sont situés au quartier de la Colle, de Terrefial, du Camp long et dans le secteur de Grande-Bretagne. Quelques villas ont été construites dans le quartier des Prés, aujourd'hui Le Tivoli. Il était considéré autrefois comme le plus bel endroit du Cannet, planté des plus beaux orangers de la région. La plupart des façades sont recouvertes d'enduits colorés et habillées d'une frise décorative.

A cette architecture Belle Epoque, qui utilise les pierres du pays et les tuiles romaines, cohabite une architecture classique, avec des demeures aux façades sobres et élégantes.
A l'intérieur, la propriété intègre le plus souvent plusieurs dépendances : conciergerie, pavillons, garages. Ces maisons de grand standing, aux aménagements luxueux, comprennent de nombreuses commodités. Le nombre ainsi que les dimensions des pièces de réception témoignent pour la plupart d'une vie mondaine intense. A la fin du XIXe siècle, les riches propriétaires s'entourent d'une domesticité importante et hiérarchisée : gouvernante, maître d'hôtel, femme de chambres. Les hivernants étrangers font suivre leur personnel. En général, seul le chauffeur est de nationalité française.
Régulièrement les journaux locaux établissent la liste des villas et il est d'un usage courant de donner un nom à la bâtisse une fois terminée. Celui d'un végétal méditerranéen est le plus répandu : les Oliviers, les Pins... Honoré Cros et le Rochevillois Georges d'Hallu vont réaliser au début du XXe siècle un nombre considérable de plaques, au décor de fleurs ou d'animaux, véritables petits chefs-d'œuvre.

 

Une grande renommée

La commune accueille aussi très tôt artistes et peintres célèbres. Elle doit surtout sa renommée à deux personnages très célèbres de la fin du XIXe siècle, qui la font connaître et découvrir : Victorien Sardou et Rachel. Le premier est bien sûr l'enfant du pays, descendant direct des familles fondatrices du Cannet. L'homme de théâtre et écrivain a sa maison familiale, située dans la rue qui porte aujourd'hui son nom, anciennement rue de la Calade. Adulée et très célèbre en raison de son immense talent de tragédienne, Rachel a énormément contribué à faire résonner le nom du Cannet. Stephen Liegeard s'exclamera ainsi : « Avoir la tombe de Rachel et le berceau de Sardou ! [...] Voici deux fleurons qui valent bien tous les diadèmes ! »
D'autres fleurons vont suivre et pas des moindres : Bonnard, Renoir, Lebasque. Ils ont déjà une certaine notoriété quand ils viennent s'installer sur la commune et fréquentent le même milieu culturel et artistique. Ils ont eu l'occasion de se côtoyer, à Paris ou dans des salons, et pour certains continuent de se voir au Cannet. C'est le cas de Bonnard et Lebasque, mais aussi de Ferdinand Bac et Georgette Leblanc, qui ont des amis communs. Georges Ricard-Cordingley, peintre de marines, a été aussi un hôte du Cannet, habitant l'Eden-Parc avant de mourir à Cannes en 1939.